La vie quotidienne

Elie et florentine maurice elise 3

 

1922. Elie et Florentine sont maintenant installés dans leurs nouvelles fonctions avec leur deux enfants Maurice et Elise.

Florentine est chargée de veiller sur celle que l'on appellera "La grande maison" inhabitée depuis 1946, date du décès de Madame Charles . Monsieur H. , désormais médecin ouvre un cabinet à Palluau et réside bien évidemment dans ce bourg distant de 10km de Legé.

Elle trait les deux vaches qui constituent leur modeste cheptel et vend leur lait. Chaque matin un défilé d'habitué vient chercher sa ration quotidienne et repart souvent avec quelques oeufs ou un pot de crème. Elle nourrit poules et lapins qu'elle vend à la foire une fois par mois, récolte les légumes d'un petit jardin attenant. 

 

Mon grand-père cultivait un immense potager pour les besoins des patrons et dont mes grands-parents bénéficiaient également. Si les cultures nécessitaient un espace plus important, elles étaient faites dans des champs dispersés dans la campagne alentour. Je me souviens d'un champ de pommes de terre, un autre où s'alignaient les rangs de carotte, lisettes (betteraves fourragères) destinées aux animaux, les choux verts dont on se régalait des feuilles les plus tendres (yeux de choux) etc.... Des métayers d'autres domaines venaient par fois apporter leur aide alors ma grand-mère les rejoignait avec un panier garni de victuailles pour le repas de midi. Une petite sieste à l'ombre d'un arbre redonnait du courage pour l'après-midi.

Garde particulier

Tous les mercredis, Elie se rendait à Palluau , à vélo puis par la suite à solex, quelque soit la saison et le temps. Il entretenait le jardin attenant à cette maison et assurait quelques travaux domestiques. Il se rendait aussi parfois dans les domaines ou fermes au moment des vendanges, moissons ou coupe de bois. 

Les jeudis matin, mes grand-parents recevaient leur visite. Ils apportaient la lessive et récupérait le linge propre et repassé, un panier avec le beurre de la semaine et à la période où l'on tuait le cochon, une morceau de lard, des fressures ou autres cochonnailles. 
Pendant que monsieur H. faisait avec mon grand-père le tour du propriétaire, sa femme celui de la grand maison, mademoiselle Y. et ma grand'mère s'installaient au coin de la cheminée et devisaient comme deux vieilles copines. Là, s'échangeaient les nouvelles des domaines, des fermes et de leurs occupants. 

Florentine avait d'autres cordes à son arc. Elle avait une autre activité, elle tuait et plumait volailles et lapins pour qui le souhaitait, souvent des maîtresses de maisons bourgeoises de Legé. Il n'était pas rare que le vendredi ou le samedi, on la sollicitait pour cette tache ingrate. Mais l'approche des jours de fêtes multipliait les demandes. En été, l'opération s'effectuait dehors. Mais en hiver la maison devenait un véritable chantier. Les plumes volaient partout, l'odeur des duvets roussis à la cheminée emplissait la pièce. Et il fallait se souvenir de qui avait apporté quoi, pas question de se tromper de propriétaire. Cela remplissait sa petite cagnotte.

Tous les samedis et veilles des jours de fête, Florentine s'adonnait à une autre tâche. Tout d'abord, elle faisait le tour des massifs fleuris et cueillait les plus fleurs. Elle les assemblait en bouquet dans des vases. Puis elle emportait précautionneusement ses réalisations et les déposait harmonieusement sur l'autel du Sacré-Coeur. C'est elle aussi qui repassait les nappes recouvrant cet autel.

Elie et Florentine était connus et reconnus à Legé. On allait chez Florentine ou chez la mère Potier, c'est selon,  pour demander un service, un brin de persil.... Une vie pleine de labeur, mais malgré tout inféodée aux patrons qui leur offraient le gîte, le couvert et  la sécurité.