Du jardin à l'assiette

Dans la France rurale du début de XXéme siècle, on consommait principalement le produit du jardin et bien sur de saison, de la basse-cour, de l'élevage des porcs et des bovins. 

Justement, aujourd'hui on va visiter le jardin d'Elie. Comme le montre les cartes, à vol d'oiseau il n'était pas très loin de la fameuse Grande Maison. J'ai retrouvé ces deux cartes qui montrent la grandeur de ce jardin qui au fil du temps s'est transformé en lotissement. 

Petite anecdote. Quand les "patrons" venaient chaque semaine, Florentine actionnait une cloche alertant Elie de leur arrivée.

Hier

Aujourd'hui

Dés l'entrée dans ce jardin, on en mesure la grandeur. Au centre, un immense espace destiné à une culture unique, généralement des pommes de terre. De chaque côté, des "carrés" bien ordonnés séparés par des allées. Un côté pour les légumes d'hiver, l'autre ceux de printemps et d'été. La disposition de ces légumes est immuable. Ceux nécessitant beaucoup d'arrosage,  près de la mare: diverses variétés de salades, tomates, melons etc... Puis répartis de part et d'autre, les cultures traditionnelles; choux, petits pois, asperges, artichauds, carottes etc... Les haricots blancs, lentilles conservés secs pour l'hiver.

On trouve aussi des fleurs, le domaine de Florentine, notamment plusieurs variétés de dahlias qui servent à fleurir l'autel chaque semaine. Des arbres fruitiers.

Un légume reçoit par contre un régime particulier: Le haricot vert. Il est réservé au partit jardin potager attenant à la maison d'Elie et Florentine. Cultivé du printemps à la fin de l'été, il doit être cueilli chaque jour et reste le privilège de Florentine. On ne voit que lui, des plus petites feuilles à sa maturité il règne en maître. A peine un carré terminé qu'un autre prend la place. Mais ce n'est pas le tout de le cueillir, il faut ensuite l'équeuter , action pur laquelle j'étais mise à contribution, et le manger. Pas question de conserves, on consomme frais.
Quand arrive la fin de la saison, je commence à en avoir une indigestion. J'ai, pendant des années; fait une pause dégustation de ce légume. Je me rattrape aujourd'hui.

Voilà pour les légumes. Ils sont consommés en soupe, en potée ou accompagnent une viande. 

La basse-cour apporte viande et oeufs. Les volailles sont accommodées en poule au pot ou blanquette, les lapins en gibelotte.

Dans les fermes, le porc et ses dérivés agrémentent le quotidien. Tuer le cochon demande une grande mobilisation et une bonne organisation. Les jambons sont conservés fumés ou dans des grands récipients remplis de sel. On fait des conserves des  meilleurs morceaux. Le congélateur n'existait pas. Avec les restes, les femmes font des saucisses, terrines, rillons ou rillettes. Le sang est récupérés pour faire les boudins et les fressures. Plat traditionnel vendéen et poitevin.

La nature offrait aussi sa part. La boursette ou mâche, les pissenlits, les champignons, les châtaignes, les mures.

Sans oublier les lapins de garenne, les lièvres rapportés de la chasse par Elie que Florentine transformait en pâtés ou civet. 

Peu de poissons sur la table à part les sardines grillées sur la braise. 

Baratte a beurre

La crème produite par le lait servait à cuisiner et à faire le beurre. Beurre à la baratte.
La baratte, ici à gauche. Réservoir dans lequel on verse la crème, on ajoute du sel (ou pas) et on tourne la manivelle. Petit à petit, la crème se transforme en une matière grasse. Et voilà le beurre est prêt. 
Il suffit de l'essorer avec un torchon pour éliminer le petit lait et le mettre dans un moule (à droite) décoré d'une fleur ou d'une vache.
Sans oublier le sel, bien sur. Si non, il se disait que l'on mangeait du beurre de régime.

Moule a beurre

On ne consommait pas ou peu de viande bovine. Les morceaux dit nobles étaient plutôt prisés par les nantis. Les bas-morceaux étaient consommés en ragouts, blanquettes, daubes ou pot au feu. Le soir une soupe épaisse de pain trempée et les légumes étalés sur une tartine grillée (une embeurrée de choux, par exemple), un laitage concluait les repas.

Caillebottes

Chez Florentine, pas question d'acheter des yaourts... une hérésie !        On mangeait des caillebottes. Un yaourt fait maison, en quelque sorte. 

Pas de desserts chez le pâtissier, voyons!  Tout droit sorti du jardin

Les tartes aux fruits: pommes, prunes, poires, fraises ...
Pommes cuites dans le four du boulanger dans la chaleur restant des fournées.
Les oeufs au lait, le millet cuit dans du lait aromatisé à la vanille.
Le pain perdu etc...
Les fruits du verger tout simplement.

Il ne faut pas non plus oublier les plantes aromatiques comme le le persil; les ciboulettes, thym, le laurier, le romarin

Ainsi que quelques plantes médicinales telles que le tilleul, la menthe, la sauge, la camomille, la mélisse .... On n' allait pas chez le médecin pour une pécéadille. Les petits dérangements étaient souvnet résolus par les produits du jardin.

Alors à vous fourneaux et bon appétit !