Pour qui sonne le glas

Un prêtre accompagné d'un choriste agitant une clochette, traversant le bourg laissait présager le pire. Il se rendait administré le Saint-Sacrement. Le glas qui retentit, annonçait la nouvelle d'un décès. Sonneries différentes selon qu'il s'agit d'un homme ou d'une femme. Qui est mort ? Les commères sur le pas de leur porte y allaient de leur pronostic.

Pour confirmer la triste nouvelle et prévenir la population, plusieurs personnes passaient de maison en maison dans le bourg et dans les campagnes pour  indiquer le jour et l'heure de l'enterrement., c'est ce que l'on appelait" l'appel aux enterrements".

A cette époque, pas de chambres funéraires, les défunts restaient à leur domicile. Il se passait environ deux à trois jours entre le décès et l'inhumation. Les voisins, les amis venaient faire une visite. Dans la soirée le prêtre récitait un chapelet. De grands voiles noirs étaient parfois accrochés à la façade de la maison selon la notoriété de la personne décédée.

Chaque famille devait organisé l'enterrement. Le menuisier réalisait le cercueil et très souvent se chargeait de la mise en bière. La commune mettait à  disposition le corbillard, véhicule tiré par des chevaux drapés de tentures noires à franges argentées. Elle devait également choisir les personnes qui portaient le cercueil, généralement des proches du défunt (amis, voisins). Quatre personnes aux quatre coins du corbillard, pour un défunt quatre hommes portant un brassard noir, pour une défunte, quatre femmes vêtues de noir portant la brunette (bâtonnet garni d'un voile noir).

Le jour de l'enterrement, à l'heure dite les cloches sonnaient, l'officiant et son choriste vêtus d'une aube noire et d'un surplis blanc,précédé du porteur de la croix, venaient au domicile chercher le défunt. Le corbillard attendait devant la porte. Il se dirigeait ensuite vers l'église, suivi de la famille en grand deuil, le visage des femmes recouverts d'un grand voile noir. De chaque côte de la grande porte de l'édifice, la foule faisait une haie et attendait, recuillie, le passage du cercueil et de ses proches. Une fois l'office terminé, la foule suivait le corbillard jusqu'au cimetière. Le prêtre prononçait une ultime prière. Commençait ensuite la longue et éprouvante tradition des condoléances.

La semaine suivante, il fallait assister à la messe de huitaine. Une enveloppe était donnée aux prêtres pour 'faire dire des messes" pendant l'année à la mémoire de celui qui ést parti.

Après le décès d'un proche, une période de deuil s'imposait. Le grand deuil durait un an, pendant lequel il fallait être vêtu de noir. La femme garnissait ses chapeaux d'un voile noir. Une fois l'année passée, elle pouvait s'accorder des vêtements  gris ou violets.