Les déplacements ... parfois une expédition !

Autrefois, se déplacer n'était pas toujours chose aisée. Pour les petits trajets quotidiens de proximité, la marche à pied, le vélo ou la charrette à cheval restaient les principaux moyens de locomotion. Mais quand il fallait faire un déplacement plus important cela devenait presque une expédition. La voiture restait l'apanage des familles aisées. Si la ville avait la chance d'être desservie par une gare, on utilisait le train, mais la plupart du temps les autocars étaient le moyen de transports en commun le plus utilisé.

Plusieurs sociétés de transports sillonnaient  la Loire-Atlantique. Chacun se souvient des cars Citroën "les cars Citrons", une véritable toile d'araignée qui desservait un nombre considérable de petits villes et bourgs du départements, avec son point central situé à Nantes allée Baco, plus localement les cars Drouin , cours des 50 otages. Sans oublier  les cars Chantreau*, qui n'effectuaient que le trajet Legé-Nantes principalement le matin et le soir pour acheminer les travailleurs. Il fallait le plus souvent transiter par Nantes pour rallier deux villes du département.

Car citroen

Les autocars ne véhiculaient pas seulement des voyageurs, ils transportaient également des  colis pour des particuliers, des artisans ou des petites entreprises situées dans les lieux qu'ils desservaient. Les parcours étaient souvent interminables et les arrêts fréquents, plus ou moins longs selon le nombre de voyageurs qui descendaient ou montaient, selon les colis à déposer ou à reprendre... parfois un petit remontant s'imposait !

Nous habitions Saint-Brévin et pour réaliser le voyage jusqu'à Legé, nous empruntions le car Citroën. Entre une heure et demi et deux heures pour effectuer le trajet long de 60 km. jusqu'à Nantes tant  le nombre de bourg traversé était important, parmi eux Paimboeuf, Le Pellerin, La Montagne, Sainte-Pazanne, Bouguenais, Rezé avec arrêt aux Trois Moulins, Pirmil. La fin du trajet Pirmil-allée Baco dépendait de l'importance de la circulation.
Arrivé à Nantes, changement de car. Si ce n'était pas un Citroên, on devait changer de gare routière pour encore une heure de route. Parfois, un écart de quelques heures  entre les deux correspondances nous donnait la possibilité d'aller en ville faire quelques achats ou tout simplement du lèche-vitrine. A l'heure dite, hop en voiture pour le reste du voyage. Le temps du trajet était plus court, le nombre de kilomètres moins important, pourtant nous faisions un détour par nombre de lieux: Saint-Colomban, La Limouze ... (Limouzinière), Corcoué-sur-Logne, Le Moulin Guérin et enfin Legé.
En partant tôt le matin, l'aller et retour pouvait se faire dans la journée. Je me souviens des attentes à la gare de Saint- Brévin, le jour à peine levé dans le froid et le brouillard. Mes parents travaillaient et ne disposaient bien souvent que d'une journée pour m'accompagner. Il fallait qu'à Nantes et à Legé , le temps d'attente entre deux correspondance ne soit réduit à rien.

Entre ces voyages, ma grand-mère nous envoyait à Saint-Brévin, des colis contenant  quelques denrées alimentaires, légumes de son jardin, beurre frais, cochonailles etc ....Elle les déposait au premier car Citroên partant de Legé, à Nantes le chauffeur les mettait dans celui en partance pour Saint-Brévin et nous les récupérions le soir  au café du PMU. Selon les saisons, certaines  provisions ne faisaient pas partie du voyage, notamment le beurre qui, aux heures chaudes de l'été, n'aurait certainement apprécié. Mais le reste du temps,  elle avait une technique pour préserver la fraicheur des aliments tout au long du parcours. Elle enveloppait les denrée périssable dans un papier sulfurisé, puis dans une feuille de choux vert (les plus grandes), ensuite dans un torchon humide, le tout dans du journal. Je peux vous garantir que  le colis nous parvenait en parfait état.

* La famille Chantreau habitait Legé, le siège de la société se trouvait à Nantes quai Turenne. Le principal objectif de cette société était les voyages organisés.