A l'ombre du clocher

Les cloches rythment la vie quotidienne de la population en indiquant les heures et les 1/4 d'heures. Chez Florenrine, pas besoin de pendule, on voyait l'heure de la fenêtre au clovher de l'église. L'Angélus trois fois par jour 7h. 12h. et 19h..Elles invitent la population à assister aux offices, aux mariages,  baptêmes et enterrements.
Elles pouvaient autrefois servir d'avertissement en cas de catastrophes, de danger avec le tocsin, elles signalaient un décès dans la commune avec le glas dont le nombre de coups indiquaient s'il s'agissait d'un homme et d'une femme.
Aujourd'hui, les sonneries sont programmées gâce à l'électricité, mais avant, le bedeau ou le sacristain suaient sang et eau pour actionner les cloches aidés par les marguillers lors des fêtes carillonnées.

Mes grands-parents, vendéens de souche étaient catholiques, cela va de soi. La religion avait un impact considérable sur la vie de nos ancêtres, ne pas aller à la messe vous mettait parfois au ban de toute une société. A l'école, au catéchisme, à la messe pendant le sermon on vous forgeait une conscience et le moindre écart  mettait en péril votre vie dans l'au-delà.

Intérieur de l église de legé
On célébrait plusieurs messes chaque dimanche, au moins trois, deux messes basses et la grand-messe. Passant toutes mes vacances à Legé, j'accompagnais ma grand-mère à la grand-messe, mon grand-père allait à la première. Nous ne nous installions pas n'importe où mais toujours à la même place. La famille A., légéenne de longue date ayant participer à la construction de l'Ecole Notre-Dame, obtint la permission de posséder un banc marqué à son nom dans l'église, et le premier de surcroît. Nous utilisions ce banc chaque dimanche et  pas question d'arriver en retard, notre réputation en prendre un drôle de coup.Personne n'osait s'asseoir à nos côté, il restait le banc de la famille A. Les mariages,communions et enterrements faisaient tomber cette prérogative.
Je la trouvais interminable cette messe. Le rituel de la célébration tout en latin bien sur, les lectures étaient entrecoupés de cantiques accompagnés par l'orgue et repris par toute l'assemblée. Le sermon prononcé du haut de la chaire à grand coup d'effet de manche donnait souvent le ton de la bien pensance et titillait le sentiment de culpabilité des proissiens. Malgré tout, je me réalais du ballet bine orchestré des choristes, dont certains étaient mes copains de jeu de la rue des Sables.

La communion récompensait la blancheur de l'âme lavée de ses péchés par la confession du vendredi. Enfin, le dernier chant libérait les fidèles.

Eglise de Legé

A la sortie de la messe, sur la place de l'église, des groupes se formaient et les discussions allaient bon train. Et puis, d'un seul mouvement, la foule se déplaçait vers un petit promontoire à l'opposé de l'église. Arrivait Alfred Taillé, le garde-champêtre sanglé dans son uniforme, képi vissé sur la tête muni d'un porte-voix et de quelques feuilles de papier. La foule écoutait les publications. chaque dimanche, après la grand-messe, Alfred annonçait les informations plutôt destinées au monde agricole: vente de parcelle de terrain, prix du lait, travaux public,  etc .... parfois des protestations s'élevaient.
Puis, les hommes se retrouvaient au café et commentaient les dernières nouvelles en sirotant quelques verres de vin. Les femmes regagnaient leur foyer en s'arrêtant à la boulangerie. Florentine aussi se dépêchait de regagner sa maison. Elle savait que toute la famille des villages alentour s'arrêterait partager le café et déguster une part du traditionnel gâteau de Savoie, d'autant qu'il était interdit de manger si l'on voulait communier.
( voir le Savoie de tante Florentine).

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L'entretien de l'église était assuré par quelques hommes et des femmes qui occupaient des charges bien précises. Le sacristain sonnait les cloches, préparait les objets nécessaire à la messe, les marguillers chargés de la quête. Les femmes veillaient à la propreté de l'église, entretennaient les vêtements sacerdotaux et fleurissaient les autels les dimanches et jours de fêtes. Trois d'entre elles étaient chargée de cette dernière tâche. Chacune se voyait attribué la responsabilité d'un autel, sans doute selon l'importance de leur ferveur. Avoir la charge du grand autel était un honneur et la décoration faisait l'objet de nombreux commentaires les dimanches et jours de fête. Ces jours-là, les lys, les roses, les galïeuls disposés à profusion dans le choeur dispensaient leur parfum jusqu'au malaise parfois.
Chaque vendredi, Florentine dépoussiérait, repassait les nappes et réalisait des bouquets avec les fleurs de son jardin  pour orner l'autel du Sacré-Coeur. 

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